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Innovation et transformation digitale de la profession d’avocat : les missions de l’agence Hercule

Coordonnateurs du programme d’incubation lancé par le barreau de Paris, Alexis Deborde et Mathieu Bouillon, fondateurs et directeurs associés d'Hercule – The Legal Tech Agency – contribuent à la constitution de l’écosystème des acteurs de l’innovation juridique.


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La Quotidienne : L’incubateur du barreau de Paris a lancé un nouveau programme pour accompagner quatre projets numériques innovants dans le domaine du droit. Lundi 2 juillet, en présence du ministre de la Justice, 4 start-up ont été récompensées : Prodroit,Avocalix, Legal Hope etLegabot. Pouvez-vous nous exposer le rôle que va tenirl’agence Hercule dans l’aventure de ces jeunes pousses ?

Alexis Deborde et Mathieu Bouillon : L’agence Hercule est d’abord intervenue en amont dans la conception du programme, validé dans son contenu – comme dans sa philosophie – au moment de la réponse à l’appel d’offre initié par le barreau de Paris en mai dernier. Nous avons ensuite été impliqués à chaque étape du processus de sélection, qu’il s’agisse de la rédaction de l’appel à projet, de la définition des critères de sélection ou du choix des candidats finalistes.

Désormais, notre rôle est celui de coordinateur et d’animateur du programme d’incubation, prévu pour durer un an entre juillet 2018 et juillet 2019. Dans ce cadre, nous avons une double responsabilité :

– accompagner au quotidien les équipes incubées pour leur permettre de prendre la pleine mesure des enjeux stratégiques auxquels ils sont déjà et seront confrontés, les aider à adopter un positionnement marché pertinent à travers l’apprentissage de la méthode « agile » et des préceptes de « design thinking » (NDLR : méthode de création, centrée sur l’utilisateur final, permettant la création de produits ou services innovants) et, enfin, leur donner toutes les briques techniques, commerciales et marketing nécessaires à la réussite de leur projet ;

– en lien permanent avec le barreau de Paris, garantir l’intégrité des projets (pratiques commerciales et/ou usages technologiques) et le respect de la déontologie de la profession d’avocat tout au long de l’incubation.

Pour ce faire, nous avons construit ce programme autour de trois axes :

– une série d’ateliers pratiques – individuels ou collectifs – pensés dans leur chronologie pour accompagner les équipes dans chacune des étapes clés de la vie d’un projet ;

- des keynotes (NDRL : conférences) dispensées par des personnalités inspirantes en matière d’innovation juridique notamment. Entrepreneurs innovants, statupers, investisseurs seront également dans notre panel d’intervenants destinés à enrichir les projets de leurs retours d’expériences ;

– 13 guichets experts sollicitables sur simple demande tout au long de l’incubation, afin d’apporter une réponse immédiate et adaptée aux difficultés rencontrées par les équipes au moment où elles surgissent.

La Quotidienne : Pour les avocats, quels sont les bénéfices d’une telle initiative ?

A.D. et M.B. : Ils sont nombreux !

Être à l’initiative des transformations de leur métier, se saisir des opportunités ouvertes par le numérique et les faire fructifier au bénéfice de la profession.

Développer des solutions sur-mesure, parfaitement adaptées à leur besoin dans le respect garanti de la déontologie à chaque étape de la conception, du déploiement et de l’utilisation.

Donner l’image (et l’incarner !) d’une profession moderne, innovante, à l’écoute des besoins des justiciables et des clients, et enfin (voire surtout) soucieuse de participer à la dynamique actuelle de réduction des « zones blanches du droit », à savoir toutes les situations de la vie (personnelle ou économique) dans lesquelles une personne soit ignore, soit renonce à exercer ou faire valoir ses droits.

Créer et animer un véritable écosystème d’acteurs de l’innovation juridique en connectant ce nouvel espace avec les autres initiatives portées par les avocats (incubateurs régionaux, l’Association des avocats numériques, le LAB EFB) et les acteurs de l’écosystème « Frenchtech » dans l’optique de créer des convergences.

La Quotidienne : Votre agence accompagne les professionnels du droit et du chiffre dans leur transformation digitale. En quoi consiste cet accompagnement ?

A.D. et M.B. : L’accompagnement proposé par Hercule peut prendre trois formes, en fonction des besoins et du niveau de maturité des clients :

– visibilité en ligne et business développement : SEO (NDLR : Search Engine Optimization), SEA (NDRL : Search Engine Advertising), sites vitrines ou marchands, développement commercial et nouveaux canaux d’acquisition clients…, Hercule maîtrise tout l’arsenal méthodologique et techniques nécessaire aux professionnels du droit pour déployer une stratégie numérique efficiente, responsable et conforme aux enjeux déontologiques propres aux professions réglementées du droit ;

– conception et développement d’outils métiers - intégration : notre société a développé un socle technologique propriétaire qui lui permet aujourd’hui d’être à la pointe en matière de conception d’outils métiers d’automatisation et de modélisation des processus juridiques (diagnostiques, rédaction d’actes, audits, génération de clauses). Notre équipe de développeur est également susceptible de répondre à tous types de demandes et nos consultants accompagnent le client à chaque étape, de l’expression du besoin à l’intégration du produit dans le quotidien du professionnel. Tous nos produits sont coconstruits en méthode agile avec le client, qui est associé à chaque étape du développement et mis dans les conditions d’un pilotage maîtrisé de son projet digital ;

– conseil et formation : l’équipe de consultants d’Hercule accompagne les professionnels du droit et du chiffre à un stade très précoce de leurs réflexions sur la transformation de la production et de la livraison des services juridiques afin de leur permettre d’identifier les meilleurs vecteurs d’amélioration de leur process métiers, ou d’imaginer des offres de service innovantes (automatisation, design de service, etc.). D’une manière générale, à travers l’ensemble des formations que nous organisons (ou auxquelles nous participons), nous souhaitons promouvoir tant une vision vertueuse que profitable à tous (professionnels, entreprises, justiciables) de cette transformation. C’est notamment pour cette raison, et avec cette approche, que nous concevons, coordonnons et animons le LAB de l’Ecole de formation professionnelle des barreaux de la cour d'appel de Paris (1 600 élèves-avocats amenés à travailler sur des sujets d’innovations en équipes), la toute première édition du programme d’incubation physique du barreau de Paris, les formations numériques de CAMPUS ou, pour sortir de la profession d’avocat, les universités d’été de l’Union nationale des huissiers de justice.

La Quotidienne : Combien de temps dure, en général, votre mission ?

A.D. et M.B. : La durée de nos missions est très variable et dépend des objectifs de nos clients.

Elles peuvent être relativement courtes et ponctuelles (par exemple, design et construction d’un site internet), récurrente (stratégie de communication, animation des réseaux sociaux, développement des relations presses, référencement web, acquisition ...), ou prendre plusieurs mois lorsque nous développons des outils métiers reposant sur des modélisations juridiques complexes.

D’une manière générale, l’offre « à 360° » de l’agence et notre volonté d’offrir nos prestations sur un mode collaboratif nous permettent de construire des relations durables et de confiance avec nos clients, qui peuvent nous solliciter à chaque étape de leurs projets numériques.

La Quotidienne : Avez-vous déjà eu l’occasion de mener une réflexion au cœur d’une structure interprofessionnelle ? Les enjeux des différentes professions sont-ils tous conciliables ?

A.D. et M.B. : Nous avons eu l’occasion de travailler à plusieurs reprises sur la question des structures interprofessionnelles et notamment avec le réseau EUROJURIS.

Les professions du droit (et du chiffre) partagent des enjeux similaires et doivent être en mesure de travailler ensemble pour satisfaire les besoins de leurs clients. Les nouveaux outils imposent de repenser la structuration des données clients pour fournir un service global de qualité et à moindre coût. Pour cela les professionnels du droit et chiffre doivent concevoir ensemble des services innovants, mais il est essentiel de comprendre que la société interprofessionnelle est l’un des moyens possible pour y parvenir.

Néanmoins nous constatons des freins de deux principaux ordres :

– une zone grise qui peut exister en matière de déontologie car toutes les professions ne sont pas soumises aux mêmes règles. A titre d’exemple, les huissiers de justice n’ont pas le droit de recourir à la sollicitation personnalisée alors que les avocats le peuvent. Dès lors, comment penser une stratégie de communication pour des offres qui mixent l’intervention d’avocats et d’huissiers tout en restant conforme aux contraintes de chaque profession ?

– une difficulté liée à l'organisation et aux habitudes des structures déjà implantées. A l’échelle d’une prestation type ou d’une étude / cabinet, l’interprofessionnalité implique de repenser son organisation pour s’adapter aux autres habitudes et modes de production / facturation de ses partenaires. Ces enjeux, pourtant évidents, sont parfois les plus bloquants pour concrétiser les projets de sociétés interprofessionnelles.

Propos recueillis par Audrey TABUTEAU



Alexis DEBORDE, fondateur et directeur associé d'Hercule



Mathieu BOUILLON, fondateur et directeur associé d'Hercule

© Editions Francis Lefebvre - La Quotidienne

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