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Coronavirus (Covid-19) : « Les experts-comptables travaillent en lien avec les pouvoirs publics pour aider les entreprises »

Charles-René Tandé, président de l’Ordre des experts-comptables, revient sur les dispositifs de soutien à l’économie mis en place par le gouvernement pour faire face à la crise sanitaire liée au covid-19 et fait le point sur la reprise d’activité des cabinets post-confinement.


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La Quotidienne : Que pensez-vous des dispositifs de soutien à l’économie dont peuvent bénéficier les entreprises mis en place par le gouvernement dans le contexte de crise sanitaire liée au coronavirus (Covid-19) ? Que préconisez-vous ?

Charles-René Tandé : Cette crise est inédite et très violente. Aucune mesure, aussi pertinente soit-elle, ne permettra de compenser l’impact négatif de la baisse dramatique de l’activité économique dans la plupart des secteurs. Mais globalement, la réponse du gouvernement me parait proportionnée.

Comme souvent, le diable est dans les détails, si certaines mesures nous paraissent aller dans le bon sens, leur mise en œuvre aura été complexe. L’activité partielle ou le Prêt Garanti par l’Etat sont des bonnes illustrations. Ces deux dispositifs sont de bonnes mesures mais entre les annonces et la réalité, il a fallu consacrer beaucoup de temps pour permettre à nos clients d’y avoir accès.

Je ne jette pas la pierre aux administrations, car les volumes de demandes ont été tels qu’il était impossible de ne pas connaître de bug ; à titre d’illustration, le site consacré à l’activité partielle est passé de 500 connexions par jour à 400 000 !

D’autres mesures sont en cours d’élaboration comme les exonérations de charges pour certains secteurs particulièrement touchés. Cela peut s’avérer également compliqué, notamment pour ce qui concerne les sous-traitants de ces secteurs. Le problème là-encore est que nos clients nous interrogent aussitôt après l’annonce par le ministre. Les charges étant pour l’instant reportées, nous avons un peu de temps. Nous continuons à travailler avec les pouvoirs publics pour simplifier et sécuriser au maximum l’application de ces mesures.

La Quotidienne : Côté cabinets comptables, quels sont les outils que vous avez mis en place pour la poursuite de l’activité ? Où en sont les cabinets ?

Charles-René Tandé : Comme dans beaucoup de métiers de services, le télétravail a soudainement pris une place très importante dans nos organisations. Ceux qui avaient d’ores et déjà mis en œuvre des process de dématérialisation des échanges avec leurs clients n’ont pas eu de difficulté à prendre le rythme. Pour les autres, cela aura été beaucoup plus compliqué. Il y a une grande hétérogénéité dans les pratiques et le bilan de cette triste séquence ne sera pas le même pour chaque cabinet.

Un point partagé par tous toutefois, c’est que cette crise a confirmé, si besoin était, le rôle central de l’expert-comptable entre les entreprises et les administrations. Le lien de confiance entre les experts-comptables, leurs collaborateurs et leurs clients est unique. La mobilisation de l’ensemble de la profession a été à la hauteur, je le crois sincèrement.

En pleine période fiscale, les cabinets ont souvent dû mettre de côté le courant pour traiter l’urgence.

Le Ministre Darmanin a allongé les délais pour permettre notamment aux experts-comptables de rattraper le retard pris du fait de la crise sanitaire. Nous sommes en lien avec les services de la DGFIP pour leur remonter les difficultés rencontrées sur le terrain et insistons sur la nécessaire bienveillance dont doivent faire preuve les administrations compte-tenu du contexte. L’intérêt des professionnels n’est pas de faire durer la période fiscale, mais il s’avère que dans certains cas il est matériellement impossible de respecter les délais en l’absence de pièces ou de contacts avec les dirigeants.

La Quotidienne : Comment préparez-vous la reprise de l’activité après le 11 mai ?

Charles-René Tandé : Il est difficile de parler au nom de tout le monde car le déconfinement ne va pas être vécu de la même manière par tous. Contrairement à d’autres secteurs, les experts-comptables sont peu nombreux à avoir fermé. Pour beaucoup, cela ne va pas changer grand-chose. Dans les grands centres urbains où les transports sont le vrai point noir, les équipes resteront en grande partie en télétravail. Pour les cabinets situés en zones rurales ou péri-urbaines, là-aussi, on devrait continuer à agir comme durant le confinement ; les trajets domicile-travail étant réalisés bien souvent en véhicule particulier, il n’y a pas de raison que cela change. Le changement pourra concerner les conditions de travail pour celles et ceux qui viennent dans les locaux, car nous avons désormais plus facilement accès aux masques et aux gels hydroalcooliques.

Maintenant ce que je souhaite c’est que ce déconfinement se passe bien sur un plan sanitaire pour que nos entreprises puissent reprendre rapidement leur activité et que les dirigeants et salariés puissent à nouveau vivre de leur travail. Car au-delà du fait qu’il soit insoutenable de maintenir notre économie sous perfusion d’argent public, je pense que pour beaucoup il est important de renouer avec l’activité.

Propos recueillis par Angeline DOUDOUX et Camille JUE-MOHR



Charles-René TANDÉ, président du Conseil supérieur de l'Ordre des experts-comptables

© Editions Francis Lefebvre - La Quotidienne