L’application StopCovid fut un échec : elle n’aurait été téléchargée que 2,2 millions de fois depuis sa sortie, alors que respectivement en Allemagne et au Royaume-Uni, l’application était téléchargée 18 millions de fois et l’anglaise « NHS Covid-19 », 12,4 millions. La CNIL, haute autorité de protection des données personnelles, avait validé sa mise en route, l’assortissant toutefois de plusieurs recommandations, notamment sur l’effacement des données et sur le libre accès à l’intégralité du code source. Les critiques se sont vite portées sur son efficacité. En effet, outre son faible téléchargement, son utilisation devait satisfaire à des prérequis contraignants : laisser l’application ouverte afin qu’elle soit « active », remplir les critères de détection (1 mètre / 15 minutes) avec une connexion Bluetooth. A la suite de contrôles opérés cet été, constatant que l’Etat n’avait pas suivi ses recommandations préalables, la CNIL mettait en demeure de régulariser au plus vite. Malgré la clôture de la procédure suite aux régularisations et la propagation rapide du virus, l’application n’a jamais « décollé ».
L’arrivée de TousAntiCovid, le nouveau geste barrière à « inculquer » aux Français-e-s ?
Cédric O, Secrétaire d’Etat chargé du Numérique, la qualifiait lors de sa présentation télévisée de « véritable couteau Suisse » de la lutte et appelait à la responsabilité des Français-e-s pour un téléchargement massif. L’application a été conçue comme une aide dans la vie quotidienne. Plus de transparence : tous les chiffres clés liés à l’épidémie seront accessibles en quasi temps réel, en national puis en local. Plus pratique : elle permet d’accéder à l’attestation de déplacement dérogatoire circulation ou encore à la liste des laboratoires de dépistage disponibles pour se faire tester rapidement. Techniquement, l’application a toujours besoin d’utiliser le Bluetooth pour fonctionner sans qu’aucune donnée de géolocalisation ne soit enregistrable. Le consentement reste clé et, à tout moment, l’utilisateur peut effacer ses données sur son téléphone, ses contacts Bluetooth, quitter l’application. Toutefois, les critiques sur l’efficacité de StopCovid demeurent en l’absence d’information sur de nouveaux critères de détection et sur la nécessité de laisser l’application ouverte de façon permanente. Les techniciens recommandent déjà de ne l’activer que dans les établissements recevant du public afin d’éviter une trop forte consommation de la batterie. Cette version est saluée par le Conseil scientifique qui, dans sa décision du 20 octobre, recommande la mise en place d’un tel service interactif de santé public au quotidien comme nouveau geste barrière. C’est chose faite, semble-t-il. La CNIL a indiqué que le déploiement de la nouvelle application ne nécessitait pas sa saisine dès lors qu’aucune modification substantielle touchant au traitement de données personnelles n’avait été mise en œuvre dans le cadre de cette nouvelle version. Elle indique toutefois qu’elle procédera à des contrôles et restera vigilante. Pendant le confinement où les déplacements en établissement public sont limités, elle peut déjà être un outil pratique pour avoir les attestations numériques de dérogation en quelques clics et un outil d’information de la situation sanitaire.
En sommes, TousAntiCovid semble conforme à la réglementation des données personnelles et la haute autorité en la matière y veillera.
Aujourd’hui, l’application compte plus de 7 millions de téléchargements. Elle fait déjà mieux que son aînée. Il n'y a pas de consensus sur le nombre de téléchargements efficaces pour que ce traçage fonctionne correctement. Certains experts l’estiment à au moins 20 millions en France. On serait donc loin du compte …
Par Claire POIRSON, avocate associée au sein du cabinet Bersay